Ce réseau informel de caméras de surveillances disponibles sur internet, donne du territoire une vision lointaine, abstraite, légèrement concentrationnaire, où la figure humaine est réduite à quelques silhouettes éparses. Les couleurs acidulées de certains lieux (plages, parc d’attraction) semblent même transformer ces figures en légos. Avec beaucoup d’espièglerie, Chapoulie injecte du vivant dans le mécanique, à l’aide de la voix off d’un enfant qui commente les plans tour à tour avec candeur, à travers des sons amplifiés de détails comme le ferait Jacques Tati, qui nous font mentalement zoomer dans l’image (un robinet qui coule, un poteau qui bouge dans le vent). Mais surtout il réussit à donner une profondeur à ces images lointaines et mal définies par la voix de Nathalie Quintane qui puise dans la grande histoire, la géographie, son roman familial pour donner corps à ces lieux, les replacer dans une généalogie.

Jean-Sébastien Chauvin
Critique et réalisateur