Résumé
“Denk’ ich an Deutschland in der Nacht” (titre tiré d’un célèbre poème : “Quand je pense à l’Allemagne, la nuit, je suis privé de mon sommeil…”, de Heinrich Heine, poète romantique allemand du 19e siècle qui passa la moitié de sa vie exilé à Paris) est une rencontre avec cinq pionniers de la musique électronique : Ricardo Villalobos, Sonja Moonear, Ata, Roman Flügel et David Moufang alias Move D. Entre Berlin, Genève et Heidelberg, de dialogues décontractés avec de géniaux bidouilleurs en séquences hypnotiques de clubs en transe, Romuald Karmakar dresse l’état de cette musique assistée par ordinateur, polymorphe, imprévisible, infinie, et des nouvelles formes de sociabilité nées avec cet univers aujourd’hui déterritorialisé de la techno.
L'avis de Tënk
Quelles sont les clés du succès de cette vague qui s'est propagée dans le monde entier depuis les années 1990 ("comme un virus", dira l'un des protagonistes) au point de concurrencer l'industrie automobile allemande (dont elle partagerait la précision, dira un autre) ? Le retour en force du rythme ("plus petit dénominateur commun d'une nouvelle communauté de valeurs", expliquera un troisième), les racines et les évolutions des pratiques musicales récentes que le réalisateur a accompagnées et filmées depuis bientôt 20 ans (son "196 bpm", observations en marge de la Love Parade berlinoise de 2002) sont revus et narrés ici par quelques célébrités issues de la scène techno allemande. Mais ce ne sont pas seulement leurs réflexions que Karmakar nous fait partager, c'est aussi leur ouïe, car en alternant prises de son salle et prises de son casque, il nous permet de nous glisser, le temps de longs plans minutieusement cadrés de foules nocturnes en mouvement, dans l'oreille du DJ et de suivre en direct l'enrichissement de sa matière première musicale.
Jürgen Ellinghaus
Réalisateur
En collaboration avec le Festival International du Film de La Roche-sur-Yon et Sublimages
