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70 min
France, 1962

Production : Comité Maurice Audin
Français

Histoire



Résumé


Le 17 octobre 1961, à l’appel de la fédération de France du FLN, 30 000 Algériens manifestent pacifiquement à Paris pour protester contre le couvre-feu qui leur est imposé. La manifestation est durement réprimée, tuant des dizaines d’Algériens. Les historiens évoquent onze mille arrestations, des dizaines d’assassinats, des manifestants jetés dans la Seine, des centaines d’expulsions et autant de plaintes restées sans suite. Dès le lendemain de la manifestation, Jacques Panijel commence le tournage de “Octobre à Paris”. Composé de captations documentaires, d’entretiens et de reconstitutions, le film est censuré dès 1962. La fin de la guerre d’Algérie ne signifie pas pour autant la levée de l’interdiction. C’est seulement en 1973, après une grève de la faim du cinéaste René Vautier, que le film obtient son visa d’exploitation et peut enfin être montré.

L'avis de Tënk


Après le massacre du 17 octobre, Jacques Panijel propose l’idée du film à plusieurs cinéastes français de la Nouvelle Vague et des grands cinéastes étrangers sont alertés aussi : à l’exception de Jean Rouch, aucun réalisateur ne répond à l’appel. C’est donc Panijel lui-même qui assume la direction du projet, entouré par une équipe de techniciens et de militants : Jacques Huybrecht, Yann Le Masson, Pierre Clément. Le film est conçu comme une tragédie en trois actes : avant, pendant, après. Trois strates d'images constituent sa matière. La reconstitution de l'appel à la grève et son organisation par une cellule secrète du FLN dans la bidonville de Nanterre (événements re-jouées à Gennevilliers par ceux-là mêmes qui les ont vécu). La mise en scène de la manifestation et de sa répression à l'aide des photos d'Elie Kagan, retravaillées au banc-titre. La parole des témoins et des victimes des tortures (la caméra cherche aussi les traces de ceux qui ont été arrêtés, battus ou jetés à la Seine). Un film oublié de l'histoire du cinéma documentaire : une dénonciation formellement remarquable et politiquement exigeante d'un crime inoubliable de l'État français. "Tout est vrai de ce qui sera montré".

Federico Rossin
Historien du cinéma, programmateur indépendant

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