Résumé
Après un bref prologue, où l’on voit un instituteur énumérer à des écoliers médusés toutes les richesses de la France, le récit se déploie en trois épisodes. 1- Dans une usine, un vieil ouvrier, condamné par le “chrono”, est menacé de licenciement quand ses camarades se mobilisent et font grève jusqu’à obtenir son maintien. 2- À la campagne, une famille de fermiers, ruinée, voit ses biens saisis et sur le point d’être dispersés aux enchères, quand un neveu aidé de quelques amis perturbe le déroulement de la vente et la détourne au profit de la famille elle-même. 3- Un jeune ingénieur fraîchement diplômé s’use jour après jour à chercher du travail sans succès. La vie appartient à ceux qui luttent et s’unissent et le film se termine en apothéose, avec chants et défilés.
L'avis de Tënk
La production des années 1930 de Jean Renoir aura été un laboratoire exceptionnel d'inventions formelles : année après année, Renoir a su se renouveler et créer un nouveau genre avec chaque nouveau film qu'il a réalisé. Ce remarquable foyer de création se basait sur l'esprit de collaboration créative d'une équipe talentueuse avec laquelle Renoir travaillait dans l'égalité et la bonne entente. Des ouvriers syndiqués et des techniciens militants se retrouvent à côté d'artistes d'avant-garde engagés tels Jacques Becker, Henri Cartier-Bresson, Jacques-Bernard Brunius et Pierre Unik. De ce point de vue, "La Vie est à nous" est un film-clé : un film-essai sur l'économie de la France des années 1930 qui propose une voie pionnière au langage cinématographique antifasciste et philo-soviétique. Ce Lehrstück vibrant et plein d'humanité est une œuvre moderne par excellence, mélangeant l'enquête documentaire, des scènes didactiques et une rhétorique d'envergure au service de la propagande électorale. Commande du PCF pour les élections législatives du mois d'avril-mai 1936, le film fut interdit mais circula de manière clandestine dans le réseau du Parti.
Federico Rossin
Historien du cinéma, programmateur indépendant
