À partir des images de piètre qualité d’un plan fixe d’une caméra de surveillance, Kamal Aljafari parvient avec subtilité à déployer progressivement des lignes de récits inattendues. Après “Recollection”, précédemment diffusé sur Tënk, uniquement construit à partir d’images d’archives de films de fiction, on redécouvre ici son extrême attention aux images qui sollicite aussi la nôtre. Son regard précis et délicat nous rend sensible à des détails : une lumière, un geste, un son, une répétition, un commentaire, opèrent un recadrage des images et leur instillent une nouvelle vie. Les récits, pour certains très ténus, vont alors s’entremêler pour donner vie à un passant, une famille, un quartier et finalement reconstituer toute une histoire.
Pour avoir peut-être pendant la période du confinement, chaque jour regardé un même espace du même point de vue, sans quasiment sortir, le regard devenant le seul point de fuite, on comprendra à travers ce film, à quel point la Palestine vit un état de confinement permanent.

Christophe Postic
Co-directeur artistique des États généraux du film documentaire